
Manifestation contre le projet de réforme des retraites, à Nevers. 2023.
" Pourquoi, en tant que photographe de presse, je proposerais mes services pour des mariages alors qu'il existe tant de spécialistes de la discipline ? " Cette question est restée dans ma tête jusqu'à ce que j'arrive devant le premier couple qui m'avait fait confiance.
C'était une sorte de vieille rengaine qui surgissait à chaque fois que j'avais enfin tous les arguments pour me lancer : "ça y est j'ai créé ma micro-entreprise" ; "ça y est j'ai mes premiers contacts" ; "super, j'ai un couple qui veut se lancer avec moi" ; "tes pairs louent ton travail donc il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas là non plus", etc. Il faut même avouer qu'en couvrant des visites ministérielles et présidentielle, des matches internationaux, des événements tendus ou des faits divers, je ne devais pas être stressé par un jour de mariage... même si l'importance de cette journée pèse beaucoup sur les deux mariés !
La photographie de mariage comme... un reportage de presse
Alors oui, ce samedi matin, lorsque Cindy et Brice se préparent pour leur mariage, je me suis tout de suite senti dans mon élément. J'ai pris cette journée comme un reportage de presse et c'est ce qui m'a motivé. Parce que dans un reportage de presse, on arrive dans un environnement qu'on ne connaît pas, auquel on doit se familiariser très vite ; on rencontre des personnes qu'on ne connaissait pas, qui vont se livrer à nous, et qu'on ne reverra peut-être jamais ; on fait avec la lumière qu'on a à tel instant, le décor, les éléments déjà disposés, etc. ; et on doit en tirer les meilleures images pour raconter une histoire. Finalement, rien de bien nouveau avec mon métier de photojournaliste. Et c'est ainsi que je conçois ma façon de photographier un mariage : une histoire en images, sans mise en scène, sans retouche, pour se remémorer les plus beaux moments de la journée avec les personnes qui comptent le plus pour les mariés.
Ce style de photographie de mariage s'appelle "documentaire". Elle propose de se concentrer sur les moments importants mais aussi sur ceux qui ne se voient pas et qui participent tout autant à l'ambiance de la journée (un décor, une humeur, une attitude d'un invité, la météo, etc.). Les portraits léchés ou la direction des mariés pour leur dire comment se positionner ne font pas partie de cette philosophie-là. Le photographe reste un témoin de la journée... non pas un acteur. Je conseille vivement de regarder les travaux du photographie de mariage britannique Kevin Mullins qui sont très inspirants et qui montrent dans quelle voie je suis engagé.

La photographie de mariage comme... la photo de sport
Je rapproche également ma pratique à la photo de sport qui est, selon moi, la plus exigeante car elle rassemble toutes les compétences de la photographie de presse : il faut être rapide, précis et éveillé à ce qu'on photographie pour en tirer le meilleur reportage. J'ai eu la chance de couvrir la Coupe du monde de rugby 2023, ainsi que des événements d'envergure nationaux dans plusieurs disciplines. Et à chaque fois, la même adrénaline et la même exigence sont requises : où vais-je me placer pour obtenir le meilleur cadrage compte-tenu de l'espace dont je dispose ? Ai-je bien analysé mon environnement pour envisager toutes les options ? La lumière ? Les possibilités d'entrée ou de sortie de mes sujets ? Tout cela pour être prêt à la moindre opportunité pour photographier des moments fugaces et qu'on ne pourra pas reproduire.Voilà pourquoi je me suis lancé dans cette spécialité. Et si le sourire accompagne le retour des mariés sur mes images, c'est gagné.