
La mariée (au centre) avec deux de ses amies les plus chères devant un photomaton, en juillet 2023.
"Vous enlèverez mes boutons sur Photoshop par la suite n'est-ce pas !" C'est une phrase que j'ai l'habitude d'entendre sur le terrain. Souvent, lors d'un portrait, les sujets ne se sentent pas à l'aise - parce qu'ils n'ont pas l'habitude de prendre la pose - et prient pour que toutes les imperfections (qu'elles soient sur le visage ou sur le corps...) soient gommées après un petit tour sur Photoshop. Alors je souris et je dis "Mais je n'utilise pas Photoshop !" et j'explique que dans mon métier de photojournaliste, la retouche est à proscrire. Point de vue déontologique.
Retouche non, "traitement" oui
D'ailleurs il y a une confusion entre retouche et traitement de l'image. Car si la retouche existe bien dans le monde de la photographie, dans celui du photojournalisme, on va plutôt parler de traitement de l'image. La différence est simple : On bannit tout ajout ou suppression d'un élément qui se trouve initialement sur la prise de vue, quel qu'il soit : Un oiseau dans le ciel qui fait tâche dans un ciel immaculé ; une feuille accrochée à la traîne de la robe de la mariée ; une vitre dont une vieille fissure est révélée par le soleil, etc.
Le traitement de l'image, quant à lui, signifie plutôt l'ajustement de la luminosité, du contraste et de l'exposition de l'image sans oublier le recadrage. On va aussi intervenir sur d'autres éléments comme la courbe des niveaux, la clarté, la netteté, le vignettage et d'autres outils qui constitueront, au final, la patte du photographe. Cependant, il faut bien avoir à l'esprit qu'en photojournalisme, l'envoi très rapide des images est un facteur important du métier. Par exemple, dans le domaine du sport, les images sont transmises directement depuis le terrain, ce qui limite le traitement de la photo. Pas le droit à l'erreur ! C'est ce qui est très formateur dans ce secteur en particulier.
Qu'en est-il pour un mariage ? Chaque photographe aura sa réponse. Je vous donne la mienne : 0 retouche, 100 % naturel. Je n'ajouterai ni ne supprimerai aucun élément de la scène qui a été capturée initialement. J'ai ma "patte", mes préférences de traitement, que ce soit en couleur ou en noir et blanc. Donc en m'engageant, sachez que je m'applique la même contrainte que lors d'un reportage de presse. C'est ma promesse d'authenticité. Elle va dans le sens de ma philosophie de travail : être aux côtés des mariés pour raconter leur histoire. Et que ces moments capturés soient les plus fidèles aux souvenirs que les mariés et les invités ont vécus.